En France, l’hypertension artérielle inquiète par sa prévalence qui ne baisse plus depuis plus de 12 ans. En effet, en 2006, le ministère de la santé estimait à 33% le nombre d’adultes atteints d’HTA. En 2018, une étude officielle montre que cette proportion n’a pas changé, et que la moitié des hypertendus ne sont même pas au courant de leur maladie. Si l’on sait que le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, un régime alimentaire riche en sel et/ou pauvre en potassium et le manque de sommeil augmentent la tension artérielle, d’autres causes sont toujours suspectées. Qu’en est-il des jeux vidéo ?
L’impact direct des jeux vidéo sur la tension artérielle
Le département de la médecine préventive de l’université de l’Alabama a réalisé une étude pour déterminer la relation entre l’augmentation de la réactivité de la pression artérielle (TA) pendant les situations de stress. Au total, quelque 3 364 participants (1 588 hommes et 1 776 femmes) âgés de 20 à 32 ans et non hypertendus ont pris part à l’étude. La réactivité cardiovasculaire aux facteurs de stress psychologiques (jeu vidéo d’action, films à suspens) a été mesurée pendant deux années. Les chercheurs ont ensuite examiné la réactivité comme prédicteur d’un changement significatif de la tension artérielle (une augmentation significative de la TA commence à partir de 8 mm Hg et plus) sur le long terme (5 ans). Des modèles de régression mathématique ont été utilisés pour contrôler les co-variables potentielles. L’évolution significative de la TA et le développement de l’hypertension (TA supérieure à 140/90 ou prise de médicaments pour l’hypertension) au cours du suivi de 5 ans ont été examinés dans des analyses distinctes.
L’augmentation de la réactivité de la tension artérielle systolique au jeu vidéo a été associée à une augmentation significative de la pression artérielle sur 5 ans pour toutes les personnes ayant pris part à l’étude, indépendant de la pression artérielle mesurée au repos. En somme, si le fait de jouer augmente la pression artérielle chez un sujet de manière temporaire, le fait de jouer sur le long terme va causer une hypertension artérielle chronique. L’étude a toutefois abouti à une conclusion curieuse : cette observation est valable uniquement pour les hommes. Ces résultats concordent avec ceux d’autres études montrant l’utilité des facteurs de stress produisant une réponse principalement bêta-adrénergique dans la prédiction de l’évolution de la TA et de l’hypertension. Aussi, les professionnels de santé peuvent évaluer le risque de subir une hypertension artérielle chronique en mesurant la pression artérielle de jeunes adolescents pendant qu’ils jouent à un jeu à suspens. Vous pouvez également réaliser le test à la maison. Vous ne savez pas quel tensiomètre choisir ?
L’impact indirect des jeux vidéo sur la pression artérielle
Le fait de regarder la télé, de jouer à des jeux vidéo ou de travailler dans un bureau pendant le plus clair de son temps revient à s’oublier dans la sédentarité et de manquer d’exercices physiques. Il a été démontré qu’un manque d’activité physique favorisait l’apparition d’une hypertension artérielle chronique sur le moyen et le long terme. D’ailleurs, le premier conseil que l’on donne à ceux qui souffrent de pré-hypertension est de pratiquer une activité physique modérée pendant au moins 2 heures et demie chaque semaine, ou une activité d’intensité élevée pendant au moins une heure et demie chaque semaine pour retrouver une tension artérielle normale. A durées égales, les jeux vidéo seraient plus dangereux pour la tension artérielle que la télé pour deux raisons simples : la probabilité d’un comportement addictif est plus grande, et l’engagement émotionnel est plus élevé car le joueur influe directement sur le cours de l’histoire. Bien entendu, nous ne parlons ici que des joueurs qui restent devant l’écran pendant de longues années à raison de plusieurs heures de jeu par jour. Enfin, une étude canadienne réalisée en 2014 et qui a porté sur 630 enfants âgés de 8 à 10 ans s’est proposée de quantifier ce risque. Conclusion : les enfants qui passent plusieurs heures par jour à jouer devant leur écran sont deux fois plus susceptibles de subir une hypertension artérielle chronique.